Editorial
À L’AISE !
« Régale-toi ! » « Je profite ». « Il est interdit d’interdire » :
Le projet rêvé d’acte de libération face à l’étouffement moral et névrotique, interdits et limitations érigées en système, a fait son chemin… Vers Cythère.
Vers la cible : Une permissivité sans fin devenue mot d’ordre, phylogénétiquement engrammé : No limit !
Ce trait d’humour a fini par être cru, puis érigé en valorisation de la perversion et de la psychose, qui règnent de nouveau sur grand écran, dans la joie et les fracas.
Direction : la jouissance ! Affranchissement de toute castration. Pulsion en circuit court, brut. Régression et narcissisme confiné, minable ou éclatant : je m’occupe de moi, de mon Moi.
En sont sortis - ironique paradoxe - de grands professionnels de l’interdiction, moralistes de tout temps, déguisés en novateurs ou simplement vêtus de leur peau de loup, sans vergogne.
Terreur verbale, physique : Il est interdit d’inter-dire, de dire ce qui ne rentre pas dans les nouvelles Doxas. La liste des interdits s’allonge. En place d’humour, des gueules d’atmosphère, séduisantes ou acerbes, couteau à la main : « soumets-toi à mon fantasme ! », par la loi, les discours ou les armes.
Conflits et violences diffusent en progression géométrique, hors conscience. Dans le pays et le monde. En attendant la déflagration ?
Quant à nous, nous poursuivons notre chemin, à l’abri dans nos microcosmes minables ou délicieux, mal à l’aise, mais pas encore clandestins.
Houchang Guilyardi
Septembre 2022