Mars 2021
Bousculés,
sinon envahis,
par une pandémie et divers enfermements,
assaillis de mots en ritournelles, de débats, de science teintée de politiques,
endeuillés par de nombreuses disparitions de collègues et amis,
il nous a semblé incontournable de suivre le mouvement
et nous laisser entrainer dans le tourbillon.
Nous avons donc consacré une année du séminaire Anthropologie et Décentrements
à débattre des changements de pratique, des effets sur les patients et les praticiens,
des épidémies à travers l’histoire, et de l’immunologie complexe.
Il est temps de reprendre notre respiration,
de nous extirper de ce qui entoure la pandémie, et happe .
Nous reprenons donc de la distance
pour retrouver le « Décentrement » et un peu de rafraîchissement.
Nous accueillerons ainsi dès le mois d’Avril Jean Christophe Saladin qui nous parlera de la vraie culture, et de ses combats à travers les siècles.
Les jeudis de l’APM ,
après la fin du cycle sur « l’hypermodernité », puis trois séances sur la jouissance en partenariat avec l’École de Psychanalyse Siavoshan de Téhéran,
se poursuivront les jeudis après-midi,
avant de reprendre un nouveau cycle, dès le mois d’Octobre, consacré à « Sexe et Sexualité ».
Les cabinets de lecture nous ouvrent d’autres horizons, et les différents séminaires, bien que peu nombreux, se poursuivent avec assiduité.
Houchang Guilyardi
Mars 2021
Mai 2020

"LE GERME N'EST RIEN"
C’EST PASTEUR QUI PARLE.
LOUIS PASTEUR.
Rage, antisepsie, asepsie, théorie microbienne, pasteurisation, Institut Pasteur...
« Sur son lit de mort, Pasteur dit au professeur Rémon,
qui se trouvait à son chevet : Bernard avait raison :
Le germe n’est rien, c’est le terrain qui est tout. »
« sur son lit de mort »… ,
Ce qui, à tort ou à raison, est censé délivrer sa vérité au bout d’une vie,
destiné à faire héritage, propos pour la postérité .
Il ne se réfère pas à n’importe qui :
à Claude Bernard.
Fondateur de la Médecine Expérimentale. Pierre angulaire de la Science.
Ce mot est rapporté par Hans Selye.
Inventeur du terme stress .
Concept biologique multiple et confus,
holophrase et plafond de verre :
Au delà, on n’a plus besoin de psychanalyse.
Et Hans Selye commente le débat de toute une vie entre les deux savants :
« Pasteur insistant sur l’importance du producteur de la maladie,
et Claude Bernard sur l’équilibre du corps lui-même. » (1)
Sur son lit de mort Pasteur se range,
selon un énoncé radical,
à la vision de Claude Bernard :
C’est le terrain qui est tout.
Louis Pasteur et Claude Bernard disent « terrain »
et non « environnement » : Autre holophrase.
Les recherches actuelles, par exemple sur l’épigénétique,
utilisent systématiquement le terme d’« environnement «,
terme vague, désignant ce qui est extérieur.
« Terrain » inclut extérieur et sujet.
Terre, réalité tangible, tellurique.
Incluant l’archaïque, les soubassements.
Non pas différence de style, mais de conception :
deux visions de la science fondamentalement différentes.
Et frontière avec la psychanalyse .
L’histoire des épidémies, toutes les 2-3-10 années,
en fait permanentes,
invisibles et terrifiantes, effrayantes de puissance.
Règne de la peur et de la toute puissance infinitésimale et indéfinissable
Si le virus n’est pas rien, il n’est pas tout non plus .
Et à travers les âges les réponses sont grossières, apeurées et désastreuses.
Pourquoi certains l’attrapent –ils et pas d’autres ?
Pourquoi certains y sont très sensibles, d’autres pas ?
Physiologie ? Immunité ?
Hasard ? Pas de chance ?
Tout ceci est très éloigné d’une véritable démarche clinique,
Et partant, du soin même.
Il n’est tenu à aucun moment compte de la singularité des sujets,
des spécificités, équilibres, inconscient. De la jouissance.
Gros mots ? Détails ridicules ? Foutaises psychologiques ?
Mais où sont les psychanalystes ?
Ils ne disent mot.
Confinés ?
Au téléphone avec leurs patients ?
Effacer une part essentielle de la vie sous couvert de statistiques n’est pas sérieux. L’inflation imaginaire dérisoire n’est manifestement plus du côté des psychanalystes, mais des scientifiques à oeillières, qui ne cessent de dire la vérité en diminuant le nombre de variables, éliminant une part de la vie, obscure et immaîtrisable.
Les tenants de la science contemporaine
ne seraient pas du niveau de Claude Bernard et de Pasteur ?
Les psychanalystes contemporains
seraient ils écrasés sous les algorithmes, oubliant Freud, Groddeck et les autres ?
HOUCHANG GUILYARD
07 mai 2020
(1) Hans Selye. The stress of life. Montréal. 1956. Le stress de la vie. Gallimard. 1962. P. 273
Janvier 2020
Certes cette année débute de façon un peu cahotique quant à notre programmation. La prolongation des mouvements sociaux qui ont débuté à la fin de l'année 2019 continue d'avoir des effets sur nos activités de ce début d'année.
La séance du mercredi 8 janvier du séminaire "SEX, psychanalyse et sexualité" est annulée.
La séance du mercredi 15 janvier du séminaire "Anthropologie et Décentrements" est reportée au 29 janvier, et la conférence de Geneviève Vialet-Bine du 9 janvier, dans le cycle Psychopathologie de notre hypermodernité", est reportée au 23 janvier.
Restons tranquilles face à ces aléas. Les psychanalystes sont bien sûrs traversés par les débats de la société, ils prennent ou non partie chacun en ce qui le concerne, mais en tant que psychanalystes ils poursuivent leur pratique d'écoute, de recherche et de transmission, quelles que soient les circonstances. La très grande qualité de nos travaux de la fin 2019, avec des intervenants enthousiasmants, nous conforte pour aborder 2020 avec confiance afin de vous offrir des moments de réflexion et de débats toujours plus intenses, au service d'une psychanalyse toujours plus dynamique.

Mars 2019
Editions ÉRÈS
18 auteurs. 272 P.
Sortie en librairie le 25 Avril 2019
Du consistant.
Trop ?
Peut-être.
Je ne le crois pas.
Du troué stimulant.
Un maillage d'avancées et de repères.
Des positions et des appuis.
Et de la poésie.
S'y promener,
au hasard des rencontres.
Novembre 2018
Actuellement, tandis que la science et la médecine jusqu’à la sexologie, se concentrent sur la pathologie et les organes, leur mécanique et leur chimie, mettant de côté la vie du sujet et la subjectivité travestie derrière les demandes et les symptômes, du côté de la psychanalyse on tourne beaucoup autour des formules de la sexuation, des aphorismes comme «Il n’y a pas de rapport sexuel» ou encore «La jouissance supplémentaire», etc., alors que Lacan utilisait des formules rétives afin de n’en pas faire des fétiches.
Les temps sont plutôt à une prudente modération clinique, sinon pruderie.
L’actualité médiatique et intellectuelle, elle, est absorbée par de violentes revendications politiquement correctes de changements nécessaires, de déculpabilisation ou de déni.
Et si certains hommes ne dédaignent pas la vulgarité, les femmes entre elles se révèlent parfois d’une étonnante crudité.
Mais la sexualité ne saurait se résumer à un hypothétique «acte sexuel», des techniques acrobatiques ou une recherche de l’orgasme.
Des plantes aux animaux, la sexualité consiste essentiellement, fondamentalement, en une recherche persévérante de rencontres, de mélanges et de transformations.
La sexualité espère la métaphore.
C’est pourquoi elle a à faire avec le scandale de la castration et se trouve soumise à la vindicte permanente des tenants du Un et de la procréation Toute.
Fidèles à nos habitudes, mais là comme une nécessité de reprendre notre respiration, nous repartirons de la clinique la plus simple, la plus basique, pour aller grappiller le réel à vif, là où on peut l’approcher, pour un séminaire sur la sexualité, et échapper un peu à l’encerclement par l’inflation théoricienne imaginaire.
Nous ouvrons à l’Association Psychanalyse et Médecine un nouveau séminaire mensuel intitulé «Sexe».
Ainsi, en introduction, nos deux premiers invités seront :
Janine Mossuz-Lavau, une sociologue auteure de deux enquêtes sur le comportement sexuel des français, dès ce mercredi 12 décembre.
Et André Langaney, généticien des populations, auteur de «Le sexe et l’innovation» qui nous parlera des comportements sexuels animaux et humains en Janvier 2019.
Septembre 2018
Il est largement claironné, mais très spécifiquement dans le système de santé, l'obsolescence de la Psychanalyse. Certains psychanalystes se demandant même si la psychanalyse pourrait survivre...
La psychanalyse se porte vaillamment, merci, et travaille vigoureusement.
Ses théories et avancées sont en réalité utilisées chaque jour dans tous les domaines sans exception de la vie sociale, intellectuelle, technique, clinique ou pratique.
De "l'acte manqué" au jeu de mots (dont peu de journalistes réussissent à se passer), en passant par le refoulement, l"' inconscient " et mille occurrences, jusqu'aux énoncés lacaniens les plus obscurs.
En réalité, c'est bien la médecine, malgré son aura considérable et son offre en inflation, qui se trouve en crise; et celle-ci n'apparait pas encore à sa mesure.
Malgré ses apports, ses réussites continues, un décalage semble s'installer face aux attentes et aux résultats.
Le pointillisme technique occupe le terrain et il n'est plus jamais question d'envisager une vue d'ensemble de la vie du sujet, dont la maladie porte l'alerte, comme il a pu en être dans le passé à sa façon avec le "médecin de famille ".
Plus la technique progresse, plus le fossé s'élargit quand à l'absence de la place du sujet.
Raréfaction des praticiens, manque de temps ou d'approche clinique, difficultés à obtenir un rendez-vous avec un spécialiste ou un généraliste, crise des urgences, orientation vers des spécialités moins prenantes, inflation des tâches administratives, principe de précaution en spirale ascendante, crainte des procès, augmentation des assurances, et une tendance lourde vers les médecines " douces" et les psychologisations primaires.
Mise à disposition des savoirs sur internet, savoirs qui représentaient une part considérable du pouvoir médical, insécurité, exigences croissantes des "patients", prééminence de l'administration des hôpitaux, formant un bloc à la solidarité sans faille, aux objectifs fort éloignés, malgré leur affichage, du projet médical, variant au gré des règlements, parfois contradictoires, des multiples tutelles et lobbys; problèmes d'accessibilité des locaux et dépenses considérables ou nécessitant regroupements.
Si le numérus clausus était programmé pour réaliser des économies en freinant le nombre de prescripteurs, ça n'apparaît pas comme une réussite: inflation des dépenses, ascension de la prise en charge des maladies à longue durée, concernant dix millions de français, et représentant 70% des dépenses de la sécurité sociale.
Mais fondamentalement une formation inexistante ou biaisée sur le fonctionnement psychique, la quasi impossibilité des vocations médicales hors scientifiques, agrémentée par la démotivation des infirmiers, et l'inflation des cadres, échappant aux soins.
Il faut prendre le temps de la réflexion sur ce qui se présente comme un véritable tournant de la médecine, entre son hyperspécialisation technique, et la prise en compte inexistante du sujet à travers ses maladies et symptômes; et permettre d'accéder à un autre étage.
L'ASSOCIATION PSYCHANALYSE ET MEDECINE SE REORGANISE
I - Cette année à l'APM : pas de stages hospitaliers. Fermeture provisoire ou définitive de la "Formation de Clinique Analytique Hospitalière" FCAH. Pas de présentation de malade ("entretiens cliniques psychanalytiques").
II - Changements de lieux.
Nous quittons les salles hospitalières et le Café Malongo, pour nous rencontrer :
- dans notre nouveau local, Au 19 rue Tournefort, dans le Vème arrondissement de Paris. - à La maison des Associations du Vème, près des Arènes de Lutèce,
- au Ministère des Solidarités et de la Santé,
- et d'autres lieux encore...
III - Et se poursuivent :
- Le cycle des conférences du jeudi, pour les deux années à venir : "Psychopathologie de l’hyper modernité".
- Les conférences du mercredi matin.
- Les groupes cliniques, d'analyse des pratiques et supervisions.
- Les séminaires et groupes de travail sur la crise de la médecine, visant une possible intégration d'équipes de psychanalystes - psychothérapeutes dans les hôpitaux.
- La préparation d’un colloque Psychanalyse et Médecine.
- Les publications.
Houchang Guilyardi